J’en ai encore sous la pédale

                     Petit coup de parano épisodique et salutaire
Je vais être un peu longuet, mais c’est pour la bonne cause.
Tim Cook, directeur d’Apple : « Les plates-formes et les algorithmes qui ont promis d’améliorer nos vies peuvent en réalité magnifier nos pires tendances humaines…
Les acteurs malhonnêtes et même les gouvernements ont profité de la confiance des utilisateurs pour approfondir les divisions, inciter à la violence et même saper notre vision commune de ce qui est vrai et de ce qui est faux
».
Ah ben dis donc, si c’est Apple qui le dit… Internet s’est rendu absolument indispensable, il rend des services mais c’est aussi un outil de propagation de sornettes et de désinformation haineuse ou stupide. On ne peut affirmer qu’Internet soit fondamentalement pervers, mais…
On connait la chanson de Henrico Macias
 » do do do do-onnez moi vos données,
Dieu vous les rendra peut-être
Mais pas go go google
« 
    Il était une fois, un enfant nommé « World Wide Web« . A cette époque, nos données étaient sans valeur car on ne savait pas les utiliser.Quelques cookies pour savoir si tu reviens sur un site, des trucs comme ça. Depuis, le stockage et le tri des données ne coûtant pratiquement rien, cela permet à des centaines d’organismes divers de nous encadrer de près. La publicité est devenue une base essentielle de l’Internet.
Le réseau se structure selon les désirs des lobbies des GAFA (les plus gros poissons Google, Facebook, Amazon, Apple, Microsoft, yahoo…) que j’appelle les Gaffeurs (de l’argot gafer, surveiller attentivement).
Sachez que leurs outils effectuent des millions de milliards d’opération par seconde et que le chiffre d’affaire du trafic de données, c’est mille milliards d’euros. Des chiffres hallucinants !
Les entreprises les plus rentables actuellement ne sont pas dans l’automobile ou l’armement mais dans le flicage et la surveillance.
Les gaffeurs Google, Microsoft, FB, Amazon, jurent leurs grands dieux qu’ils dépensent des fortunes colossales pour assurer la sécurité de votre vie privée.
Avez-vous lu les clauses du contrat ? Non, bien sûr, personne ne le fait. Vous donnez donc votre accord à Google qui vous traque et utilise vos données pour vendre de la pub.
Facebook « réseau social sécurisé » contrôle vos moindres gestes à son profit. (voir mon post FB du 16 juin).  Ces fameuses données sont produites par nos relations sociales – téléphones, mails, textos, tchats sur les réseaux, etc.
Ton ordinateur enregistre ta navigation, ton portable te scrute et les entreprises achètent, vendent, échangent et stockent tes données personnelles.
Tu trouves que c’est pas grave ?
Par ton smartphone ils savent où tu es. La plupart des applications te géolocalisent et pas seulement Google Maps ou Waze: même les jeux et des trucs comme les applications pour lampe de poche… Invraisemblable ? Le Dauphiné signale que le secrétaire d’Etat au numérique ayant demandé ses données à Uber, a découvert qu’Uber garde depuis quatre ans trace de tous ses points de départ et même le géolocalise cinq minutes après qu’il soit sorti du véhicule…
    « la simple mise en corrélation des métadonnées  des  opérateurs  de téléphonie mobile (numéros mis en relation, localisation des antennes concernées, dates des appels, types d’appels) permettrait de prédire des événements aussi divers que les délits, le taux de pauvreté, des épidémies, ou encore d’aider à la planification des réseaux d’électricité, par exemple » et sans même s’embarrasser des contenus des messages échangés ni même des données GPS.
(cf « Big data les nouvelles données du pouvoir« , Denis Pieret 2015)
Ces espions en savent beaucoup sur toi, parfois plus que toi. Tu fais des recherches sur Google ?  Tes espoirs, tes peurs, tes intérêts, tes désirs, tes penchants sexuels sont collectés… «Google knows»: autorisé ou non, quiconque a accès à cette mine en apprend beaucoup. Leurs algorithmes en tirent des conclusions et réagissent
automatiquement.
Et nous autres, sympathiques béotiens, offrons ça sans le savoir, sans le vouloir, sans réaliser que ces données risquent à tout moment d’être piratées et utilisées contre nous.

 

                                    Insécurité sociale

   La base de tout ça, c’est que les GAFA ont fondamentalement besoin d’insécurité.
Pourquoi ? C’est ce qui leur laisse les mains libres pour pécher les données. Voilà pourquoi ils font semblant de sécuriser le système et malgré la récente règlementation bidon GDPR (voir mes articles sur le sujet), ce hold-up du siècle continue sans aucun contrôle et à la vue de tous.
Ils prétendent te protéger des menaces, te promettent la sécurité mais contrôlent tout ce que nous faisons, voyons, lisons ou écrivons.
Le but premier c’est te forcer à payer pour certaines fonctionnalités, souscrire à des tas de produits et services imposés. Avec le développement numérique, ils se font omniprésents, indispensables et surpuissants.
Notre dépendance va de plus en plus loin : pour les démarches administratives et bancaires, s’inscrire n’importe où, voyager, écouter de la musique, lire des e-books, télécharger… Si tu a un compte Gmail, avec Google Agenda, Google Docs, maps, un smartphone Androïde; ils te tiennent avec une laisse Microsoft et un collier Amazon.
Je le répète, nous laissons des traces énormes partout.
Et attend, voilà qu’arrivent maintenant les objets connectés… Smartphones, volets, automobiles, thermostats, ampoules, implants médicaux, portails seront surveillés comme tout les appareils électroniques.
Les gafeurs se battent en coulisse pour contrôler la maison intelligente, La véritable Star War est engagée.
                            A l’abordage !
   Les logiciels sont couverts par des astuces juridiques pour les relier aux périphériques, aux appareils et aux produits. Ils limitent l’achat de composants non autorisés ou contraignent le client à passer par leurs services agréés pour l’achat, la maintenance, la réparation.
Résultat prévisible: l’apparition de pirates.   Des qui savent par exemple comment bidouiller une Toyota ou une Renault pour améliorer modifier les performances, la consommation et accéder à des diagnostics et options non disponibles.
 L’exemple des tracteurs John Deere est typique. Les acheteurs sont liés par un contrat d’exclusivité abusif.
Beaucoup achètent donc des programmes pirates ukrainiens pour réparer leurs tracteurs.
Vous vous souvenez de la scène dans « Brazil » de Terry Gilliam, celle dans laquelle Robert de Niro joue le plombier clandestin ?
Le piratage permet aussi aux officiels de contourner les lois sur l’émission de CO2 ou de détourner à distance le fonctionnement de matériel médical comme les pompes à insulines…

                                                       ça me fait cliquer
    Le citoyen doit exiger d’avoir accès aux données (suivi de condition physique, appareils, capteurs à domicile, véhicules, etc) que se procurent si facilement les
administrations, les assurances et autres marchands. C’est d’ailleurs prévu par la loi, mais qui réclame à Google ses données ?
Chacun veut pouvoir les supprimer, et modifier ses appareils, ajouter des fonctionnalités, ce à quoi, bien sûr, les fabricants et les États s’opposeront. Ils ne
rendront pas facilement l’accès aux données et aux contrôles.
C’est bien cette confiscation qui nuit à la sécurité des données et paradoxalement demande  toujours plus de systèmes de contrôle à distance et de contrôle du citoyen.
Je sais ce que vous pensez: j’ai rien à cacher et je ne leur achète rien.
Peut-être, mais lorsqu’ils auront des monopoles complets, ils surpasseront et remplaceront peu à peu les États comme dans dans les télécoms, la finance, l’assurance, le transport, l’énergie et la santé.
Leur puissance leur permet de tout engouffrer. Souvenez-vous d’ailleurs qu’ils échappent à la TVA et ne payent pratiquement pas d’impôt
Le data permet pratiquement déjà de prévoir quand un individu va se marrier, avoir un enfant, tomber malade ou mourir… Sachant tout de toi, ils fixeront ton tarif d’assurance, de véhicule et de domicile, ta cotisation santé. Ce qui signera la mort de la mutualité et de la solidarité.
C’est aussi la fin des sciences humaines car la puissance prédictive du data rendra vite inutiles les théories de la sociologie,  la psychologie ou la linguistique.
Par ailleurs, la lutte contre la délinquance et la lutte anti-terroriste justifient facilement la surveillance généralisée. Vous vous souvenez de Minority Report ?
Par les réseaux sociaux, la NSA te surveille, mais la Chine a un temps d’avance, qui utilise déjà en grand les données pour classifier sa population et distinguer les
bon sujets de ceux à sanctionner, et ce n’est pas de la fiction. Le « crédit social« , qu’ils appellent ça. Traverser hors des clous t’enlève des points, balayer la rue t’en ajoute.
Si ça vous intéresse:
Les révélations de Snowden ou Cambridge Analytica,  vous avez entendu parler ? Sinon, faites une recherche… Vous verrez que désormais, les données font les élections, que s’en est à se demander si les démocraties y résisteront.
   Les romains se posaient déjà la question « quis custodiet ipsos custodes ? » qui gardera ces gardiens ? Qui surveille les surveillants ?
Papillons collés dans la nuit à un réverbère, on  devrait au moins:
  •  crypter vos mails, effacer les cookies.
  • utiliser un VPN ou réseau privé virtuel pour surfer, un bloqueur de pub,
  • utiliser la navigation privée prévue sur les navigateurs, refuser la                    géolocalisation,
  • ne pas s’inscrire par Facebook ou Google, utiliser des adresses mail jetables comme yopmail,
  • utiliser Qwant ou autre moteur de recherche n’enregistrant pas les données.
  • refuser les espions genre Linky qui vont accompagner les objets connectés.
  •  surveiller les surveillants et se rendre imprévisibles !
Mais vous savez tout ça mieux que moi.
Pour le reste, voir l’œuvre de Michel Foucault.  https://www.franceculture.fr/personne-michel-foucault.html
       J’ai pas été trop long ?

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