C’est où la sortie ?

Suite à mon dernier articulet, on me fait remarquer une fois de plus que je pousse le bouchon un pont trop loin.
Tirer sur tout ce qui bouge en rigolant, c’est pas bien, faut s’engager, montrer des voies, des solutions, etc.
Ben, j’en connais pas, je ne fais que causer à haute voix.
Des évidences.
l’État chérit le personnel hospitalier qu’il humiliait depuis des années. les éboueurs deviennent des héros modernes, des sacrifiés comme les pompiers de Tchernobyl. Chaque soir je me mets à la fenêtre pour applaudir les uns et puis honnir les autres. Une seule chose est masquée, c’est l’incurie du gouvernement.
Aucune voix discordante n’est tolérée, ni de remise en question de quoi que ce soit car nous sommes en guerre.
Personnellement, je ne crois pas au confinement policier, pourtant je me garde de dire sortez de chez vous. Notez que je ne dis pas non plus « restez chez vous », ils sont bien assez nombreux à le rabâcher. Pour m’autoriser à sortir, j’utilise un style Pilote pour effacer la date et garder le même ausweiss.
Mon message, évasif et terre-à-terre, se réduit à : évitez les amendes…
Pour autant, est-ce que je reste fréquentable, curé défroqué ou pas ? (je conclurais par « allez en paix »).

Pan demie


Mon problème, c’est que comme vous, je n’ai aucune façon de changer le menu, j’ai juste le luxe d’évaluer l’avoine dans la mangeoire. Ah, ils manquent pas d’air, nous vendre ça pour de la première qualité !
Mais je n’ajoute pas : aux armes citoyens. Non. Le con finement, ne me dérange pas trop, j’ai aussi mes côtés misanthropes.

Donc en cette semaine 6 de confinement ou 7, je sais plus, je suis très reconnaissant, vraiment, de constater qu’on n’est pas grand chose sans les autres. Vous voyez, à force d’être confiné, je fais de tout petits gestes, mais c’est un bon début.

Une des vertus de cette pandémie, c’est qu’on voit bien mieux le système politique, économique, social et écologique dans lequel on baigne. On voit ce qui tient, ce qui foire, ce qui craint et ce qui vaut peau de balle.

Jusque là, tout semblait si stable, si immuable. Ceux du côté du manche nous expliquaient qu’il est impossible de changer quoi que ce soit. Or sous nos yeux, tout semble pouvoir s’effondrer en un claquement de doigt. Pour le pire ou le meilleur ?
Les profiteurs de la situation « normale » veulent vite y revenir. Bah, le nombre prévisionnel de morts reste acceptable, non ?
La bourse avant tout, tout le monde au turf et avec des heures sup on rattrapera le retard.
Priorisons le retour à la production, même si on manque encore de ces objets de première nécessité, tests, respirateurs, masques, etc. Mais on va nous reprocher la seconde vague, et de nouveaux. Tiens, ces fameux masques, on vous a passé toute la gamme : ils sont dangereux, inutiles, accessoires, compatibles efficaces, indispensables et bientôt obligatoires.

1984-2020

On peut voir clairement ces élites choisir les règles et même les faits qui les arrangent, comme des produits d’un marché libre…
Après avoir nié la pandémie, la plupart des dirigeants nient leur incurie avant de jouer l’autoritarisme policier (cf Philippines, Israël, Hongrie, États-Unis, F…).

Ce qui me chiffonne c’est cette tendance « plus de pouvoir au pouvoir ! Suspendons les droits citoyens, plus de drones, de caméras, de mouchards électroniques ».
Pour l’heure, les délateurs en chair et en os restent encore mal vus chez nous.
Ce confinement montre quelles valeurs devraient subsister et quels choix seraient à réévaluer. On peut continuer comme avant ou introduire un changement dans ce système mortifère de production et de consommation qui crève de surabondance sans assurer à chacun un revenu basique ou les moyens de se soigner.
Changement climatique, pollution, incendies et submersions catastrophiques, malbouffe, empoisonnement généralisé, etc, on continue comme avant ? Quelles priorités, après ?

Reprendre la course, garder quelque chose de cette immobilité contrainte ? Qu’est-ce qui est important, la possibilité de décider de notre vie, ou suivre les décisions des élites ?
Les questions se bousculent :
Pourra t-on encore respirer cet air soudain plus pur ?
Faut-il mettre plus de foi dans la communauté que dans la bourse ?

Au début du confinement, je savourais ce paradoxe: pour se soutenir mutuellement, il faut se tenir à distance. S’isoler des autres c’est les protéger. On dirait des extrait de 1984.

Espoirs


« En même temps », rien n’empêche d’aider les personnes en danger.
Heureusement, on voit chaque jour des manifestations de courage et de dévouements aux antipodes du chacun pour soi.
Le regard semble changer temporairement sur les travailleurs de la chaîne alimentaire, le personnel médical, les femmes de ménages et autres soutiers du système.

Après tout donc, il aurait presque semblé qu’un changement soit possible. Les services publics -particulièrement de santé- se clochardisaient, et impensable le mois dernier, voilà que des centaines de milliards surgissent soudain de la nuit.
Se manifeste aussi une perspective utopique: la qualité de l’air qu’on respire s’améliore. Pour longtemps ?
Encore des questions.
Partageons vraiment un destin commun et Que valent nos liens sociaux ?
A quelle vitesse va t-on retomber dans le business as usual ?
Quels enseignements tirer de l’épisode ?

Comme on dit dans les Ephad, qui vivra verra.
En attendant, on peut commencer par signalez autour de nous toute initiative qui semble aller dans le bon sens.
On peut espérer que les citoyens – que nous- auront à cœur de profiter de l’occasion pour infléchir les trajectoires les plus destructrices.

Sur ce, je vous souhaite tout ce qu’on peut vous souhaiter, dont une très belle journée.

Exeat in pace !

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