
Question : J’ai plein d’interrogations. En voilà une : pratiquement chaque jour on se dit qu’il ne doit pas être si compliqué de simplifier notre bureaucratie, Depuis le temps qu’on en parle, on attend quoi ?
Réponse: Notre pays est effectivement l’exemple même de la bureaucratique triomphante. Il est facile d’y constater que simplifier une bureaucratie, c’est faire encore plus de règlements, encore plus de bureaucratie…
Question : Tiens, par exemple, comment éviter de creuser toujours plus notre dette ?
Réponse : Peut-être en évitant des initiatives comme celles des parlementaires. Le 8 octobre dernier, en pleine tempête sur les retraites, ils ont adopté une loi accordant des trimestres de retraite supplémentaires aux élus locaux, et ce, sans cotisation à la sécu.
Question : Et ça va coûter cher ?
Réponse : Le coût annuel de cette réforme, c’est 100 millions d’euros. Merci pour eux. Cela dit, faut pas trop s’inquiéter, la Banque de France détient 250 milliards en lingots d’or.
Question : Quoi ? Et on nous emmerde pour 40 malheureux milliards ?
Réponse : Pas d’inquiétude, on sait redistribuer. Tiens : en 5 ans, le groupe Carrefour a touché 2,3 milliards d’aides publiques. Cette somme représente quasiment le montant des dividendes distribuées aux actionnaires.
Question : Comment ? On donne des subventions aux grosses boites pour enrichir leurs actionnaires ?
Réponse: A chacun de conclure.
Question : Et c’est quoi le problème avec la taxe Zucman qu’on dit si dangereuse ?
Réponse : les opposants veulent sortir les « biens professionnels » de tout impôt sur la fortune. A la création de l’impôt sur les grandes fortunes en 1981, le gouvernement a inventé la notion de « biens professionnels » pour calmer les grandes fortunes. Si vous avez plus de 25% du capital d’une entreprise, c’est considéré comme un « bien professionnel » et ça sort du calcul de l’impôt. C’est un tour de passe-passe car les actions constituent plus de 90% de la fortune des milliardaires. C’est ainsi que les plus hauts patrimoines ne payent quasiment jamais d’impôt sur la fortune. Circulez, y’a rien à voir !
Question : Mais finalement, le marché ne serait-il pas le dernier refuge de l’intelligence ?
Réponse: Ah oui, cocorico ! On a un prix Nobel d’économie français ! Aghion, co-Prix Nobel , est un adepte du ruissellement, de la croissance éternelle et de la « destruction
créative ». C’est en somme un adepte du trumpisme.
Question : La vraie Question : à se poser, c’est en quoi l’économie est-elle plus une science que la politique ?
Réponse : Remettre en Question : la science est le fond de commerce du président de États Unis.
Question : C’est pas un peu complotiste ?
Réponse :Il faut s’interroger sur l’importance qu’a pris la notion de théorie du complot. Avant, on disait qu’elle est causée par une trop grande imagination qui cherche des causes occultes, des influences complexes. Un besoin de cohérence qui rejette l’imprévu, le hasard et le récit officiel. En revanche, on voit clairement que le néo complotisme trumpiste qui n’a pas besoin d’explications. Pas de réflexion, mais des répétitions, des affirmations et accusations sans preuves, des insinuations martelées. Trump proclame par exemple que si beaucoup de gens le disent, « alors c’est suffisamment vrai. »
Question :- Ce qu’on appelle la poste-vérité ?
Réponse :Exactement. Pas étonnant que « Fake » soit l’une de ses insultes favorites.
Question :- Mais la connaissance objective ne peut pas disparaître, elle existe encore, non ?
Réponse : A la faveur de la disparition des grandes voix et du journalisme professionnel se sont installés des influenceurs, des réseaux sociaux. Ces influenceurs le plus souvent réactionnaires sont des mercenaires de la sphère politico-financière. Pour cette faune, la vérité scientifique n’est qu’une opinion parmi d’autres. Et puis confronté à la réalité du réchauffement, on peut casser le thermomètre, comme Donald qui a ordonné la destruction d’un satellite de la NASA conçu pour mesurer le CO2 atmosphérique.
Question : Je suis tombé sur ça, dans « Les Origines du totalitarisme » de Hannah Arendt paru en 1951, « Le sujet idéal du régime totalitaire n’est pas le nazi convaincu ou le communiste convaincu, mais des personnes pour qui la distinction entre faits et fiction… n’existe plus ». Alors, on y est ?
Réponse : De plus en plus. Hugues Jallon a pondu un livre , Le Temps des Salops. Je cite « Le fascisme, ça commence avec les fous, ça se réalise grâce aux salauds et ça continue à cause des cons » (…) C’est surtout le temps où des (…), dirigeants politiques, intellectuels, patrons, éditorialistes, s’emploient à rendre la promesse fasciste raisonnable. Ce temps-là, c’est le temps des salauds ».
Question : C’est pas Brecht qui disait que « le ventre est encore fécond d’où peut surgir la bête »..
Réponse : Voilà. Signalons que le 22 septembre dernier, par décret exécutif, Trump a déclaré l’antifascisme comme mouvement terroriste…
Question : Ici, les députés vont avoir à choisir entre taxer les milliardaires et taxer les pauvres, les malades et les retraités, que vont-il choisir ?
Réponse: Poser la Question : c’est y répondre. On a déjà une petite idée, non ?
Question: Autre chose, faut-il avoir peur de l’IA ?
Réponse : L’IA n’a pas (encore) d’intelligence, elle n’a qu’une énorme capacité de traitement de données et de modèles. N’empêche que de plus en plus, elles nous influence et va réduire l’importance du jugement humain.
Question : Comment ça marche ?
Réponse : Collecte et analyse de données. Par exemple, elle n’a pas besoin du concept de « chaton» pour savoir de quoi on parle, Elle se contente de repérer les mots le plus souvent associé à l’image de chaton. Un simple algorithme, pas de réflexion.
Question: Qu’importe, si ça nous simplifie la vie ?
Réponse : Vraiment ? Voilà un sujet de réflexion: chaque jour, quand tu vas sur Internet, des robots te demandent de prouver que tu n’es pas un robot…
Question : Heu… Avec tout ça, reste t-il des raisons d’espérer ?
Réponse : Plein. On en reparlera. Il faut être optimiste. Par exemple Trump espère obtenir le Nobel de la Paix. Et dès son incarcération, Sarkozy demande à être remis en liberté. Et suite au casse du siècle au Louvre, le ministre de l’Intérieur dit qu’il va rapidement récupérer les bijoux de famille. Autant d’exemples d’optimisme réconfortant . Au moins un de ces trois a raison.
Question : Lequel ? Trump, Sarkozy, Machin ?
Réponse : C’est la Question : du quiz du jour. !
